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Anjouan source d'humiliation

Le Sommet de l’Union africaine, du 1er au 3 juillet à Accra, a tordu le bras au président Sambi. Alors qu’il continuait à dire qu’il n’y aurait pas de négociations possibles avec les autorités anjounaises avant l’organisation d’un autre scrutin sur l’île, le voilà contraint de revenir sur ses déclarations. Un revirement qui n’étonne personne à Moroni tant le double langage est redevenu la règle au sein du gouvernement de l'Union.

Le président M. Sambi avait promis dans un discours très solennel de ne jamais valider le baccalauréat anjouanis, mais il a admis tous les titulaires de ce même baccalauréat dans l’université des Comores. Il a dit qu’il allait récupérer les armes confisquées à Anjouan par tous les moyens, jusqu’ici aucune tentative de récupération de ces armes n’a été entreprise. Ce qui plus d’un à s’interroger si le président ne s’était pas engouffré dans une concertation mal tournée entre lui et Mohamed Bacar.  Il s’est targué d’avoir installé une unité de l’armée nationale à Anjouan, l’on a vu cette même unité tournée en ridicule et la résidence privée du président pilonnée par la force de gendarmerie anjouanaise. Ayant constaté le manque de constance de ses positions et décrypté ses grandes faiblesses, Mohamed Bacar en a profité pour lui infliger l’extrême humiliation : le voilà interdit de séjour dans son île natale. L’organisation du scrutin présidentiel à Anjouan consacre trois humiliations pour le président Sambi.

La première est située en amont du processus. Alors qu’il avait choisi Kaambi Houmadi pour assurer l’intérim de la transition à Anjouan, ce choix a été récusé par la communauté internationale. Et c’est finalement Mohamed Bacar qui a réussi son coup puisqu’il s’est fait remplacer par un membre de son proche entourage. Quand on a vu, malgré cela, le gouvernement de l’Union se féliciter chaudement parce que M. Bacar n’était plus aux commandes, l’on avait franchement envie de rigoler ! Cet épisode en dit long sur la naïveté de l’équipe Sambi qui considérait que le seul départ de l’homme fort de l’île était un gage de transparence. La suite, comme on s’y attendait, ne leur a pas donné raison. Et on en vient aujourd’hui à s’étonner que l’élection se soit ainsi passée.

La deuxième humiliation est l’échec de sa demande d’une intervention militaire sur l’île. Dans un discours encore une fois très solennel, il avait annoncé l’imminence d’un débarquement militaire à Anjouan et ce, sans avoir en main tous les éléments d’appréciation de la situation. Au-delà de la panique qu’il a semée à Anjouan, le président a pris un risque majeur : celui d’anticiper sur les décisions de l’Union africaine. Au bout du compte, Addis-Abeba lui a infligé une belle raclée et n’a pas accédé à sa requête.  

La troisième et dernière humiliation est aujourd’hui de revenir à la table de négociations à Pretoria après avoir juré qu’il n’allait jamais dialoguer avec les autorités anjouanaises avant l’organisation d’un autre scrutin sur l’île. On a vu la délégation de l’Union africaine à Moroni se ranger entièrement du coté d’Anjouan contre la position officielle de l’Union. Cela présageait déjà ce que l’Union africaine allait prendre comme résolution au sommet d’Accra. Malgré la réintroduction d’une seconde demande d’intervention militaire à Anjouan, il est peu probable que Addis-Abeba accède à la requête. Mais, c’est l’avenir qui nous dira.

De M.M, notre correspondant à Moroni

Kweli Le 08/07/07