La
France qui triche, plusieurs Comoriens impliqués
Choc, consternation, mais aussi
honte, voilà ce que les Comoriens de France ont ressenti au soir
du 1er mai 2007, lorsque la chaîne française de
télévision TF1 a diffusé une enquête sur la fraude sociale.
Parmi les tricheurs, certains comoriens qui jouent aux malades
imaginaires.
« Droit de savoir ». C’est le
titre de l’émission réalisée par entre autres Jacques Aragones,
et présentée par
Charles Villeneuve le 1er mai dernier
sur TF1 : une enquête sur la France qui triche. Elle a permis de
comprendre comment des
Rmistes fraudeurs, des faux chômeurs, des malades imaginaires et
certains aigrefins ne manquent pas d'imagination pour escroquer
la Caisse d'Allocations Familiales, la Sécurité Sociale ou
encore les Assedic. En France, la fraude sociale coûte chaque
année plusieurs milliards d'euros à l'Etat et contribue
largement au déficit des organismes sociaux.
Mais, ce qui a pu choquer la communauté comorienne de France,
c’est l’implication de certains compatriotes. Une vingtaine de
ressortissants comoriens ont déjà été jugés au tribunal
correctionnel du Val-d’oise, en région parisienne, pour avoir
escroqué la sécurité sociale en se faisant rembourser des
fausses factures. Le mode opératoire est le suivant : après un
séjour paisible au pays, on se fait monter un dossier
d’hospitalisation avec des ordonnances bidon et des factures
fictives. Le tout présenté à la sécurité sociale qui les
rembourse les yeux fermés. Il a fallu un long travail d’enquête
auprès des autorités médicales des Comores pour découvrir
l’ampleur de l’escroquerie. Des factures exorbitantes, des
médecins inventés, des établissements inexistants comme la
« Clinique de l’Ambassadeur » ou l’hôpital « Santé pour tous ».
Certains ont été condamnés à de la prison avec sursis et à des
amandes allant de deux à quatre mille euros. Mais les cerveaux
du trafic ont pris la fuite et vivent aujourd’hui aux Comores.
Le mari de Maoulida qui avait touché près de 4 000 € dit avoir
été victime d’une manipulation. Sa femme reconnaît par ailleurs
que « tout était faux, les tampons et les ordonnances ». Elle
regrette simplement que les organisateurs de ces fraudes n’aient
pas été présents au procès.
Ils sont deux selon le reportage : M. Boina Elarif, actuellement
conseiller du président Mzé Soulé Elbak et M. Soulé Omar, connu
sous le nom de Hachim, propriétaire de plusieurs magasins de
meubles à Moroni. Un mandat d’arrêt international a été lancé
depuis 2005 à l’encontre de ces deux anciens éboueurs à Paris
devenus désormais notables dans leur pays, mais ils n’ont jamais
été inquiétés. Motif : ils sont probablement protégés par
certaines autorités politiques et judiciaires comoriennes avec
qui ils entretiennent des relations privilégiées.
Cela fait partie des « mauvaises habitudes qui se perpétuent
dans quelques pays africains » que dénonce l’ambassadeur de
France à Moroni, Christian Job. Le procureur de la république,
Azad Mzé, confirme, toujours dans le reportage, que le dossier
de ces deux fugitifs « est bien parvenu au tribunal de Moroni,
mais il a disparu ». Et comme l’explique le Dr. Msa Mliva :
« Celui qui a le poids politique ou financier peut toujours
influencer dans certaines décisions ».
Pour le diplomate Ali Saadi, tout cela est normal car : « quand
tu es riche dans un pays pauvre, tu es l’ami de tout le monde ».
En tout cas, M. Christian Job promet que si les autorités
françaises le ressaisissent à nouveau, il demandera à la justice
comorienne de mettre en exécution les mandats d’arrêt. Et bien
du courage monsieur l’ambassadeur !
Réagissez à cet article.
NB : L’émission sera rediffusée le 22 mai 2007 sur TF1.
kweli/18/05/07
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