Ali Mmadi, Mayotte un vrai tabou > Essai
« La décolonisation des Comores n'est pas achevée, elle le sera lorsque la France aura rendu aux Comoriens l'île de Mayotte qu'elle occupe illégalement depuis 1975 ». Cela est-il possible ? Pour quand et comment ? Autant de questions soulevées par Ali Mmadi, directeur de « Kweli », le magazine des Comores en France.
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La France qui triche, plusieurs Comoriens impliqués

Choc, consternation, mais aussi honte, voilà ce que les Comoriens de France ont ressenti au soir du 1er mai 2007, lorsque la chaîne française de télévision TF1 a diffusé une enquête sur la fraude sociale. Parmi les tricheurs, certains comoriens qui jouent aux malades imaginaires.

« Droit de savoir ». C’est le titre de l’émission réalisée par entre autres Jacques Aragones, et présentée par Charles Villeneuve le 1er mai dernier sur TF1 : une enquête sur la France qui triche. Elle a permis de comprendre comment des Rmistes fraudeurs, des faux chômeurs, des malades imaginaires et certains aigrefins ne manquent pas d'imagination pour escroquer la Caisse d'Allocations Familiales, la Sécurité Sociale ou encore les Assedic. En France, la fraude sociale coûte chaque année plusieurs milliards d'euros à l'Etat et contribue largement au déficit des organismes sociaux.

Mais, ce qui a pu choquer la communauté comorienne de France, c’est l’implication de certains compatriotes. Une vingtaine de ressortissants comoriens ont déjà été jugés au tribunal correctionnel du Val-d’oise, en région parisienne, pour avoir escroqué la sécurité sociale en se faisant rembourser des fausses factures. Le mode opératoire est le suivant : après un séjour paisible au pays, on se fait monter un dossier d’hospitalisation avec des ordonnances bidon et des factures fictives. Le tout présenté à la sécurité sociale qui les rembourse les yeux fermés. Il a fallu un long travail d’enquête auprès des autorités médicales des Comores pour découvrir l’ampleur de l’escroquerie. Des factures exorbitantes, des médecins inventés, des établissements inexistants comme la « Clinique de l’Ambassadeur » ou l’hôpital « Santé pour tous ».

Certains ont été condamnés à de la prison avec sursis et à des amandes allant de deux à quatre mille euros. Mais les cerveaux du trafic ont pris la fuite et vivent aujourd’hui aux Comores.

Le mari de Maoulida qui avait touché près de 4 000 € dit avoir été victime d’une manipulation. Sa femme reconnaît par ailleurs que « tout était faux, les tampons et les ordonnances ». Elle regrette simplement que les organisateurs de ces fraudes n’aient pas été présents au procès.

Ils sont deux selon le reportage : M. Boina Elarif, actuellement conseiller du président Mzé Soulé Elbak et M. Soulé Omar, connu sous le nom de Hachim, propriétaire de plusieurs magasins de meubles à Moroni. Un mandat d’arrêt international a été lancé depuis 2005 à l’encontre de ces deux anciens éboueurs à Paris devenus désormais notables dans leur pays, mais ils n’ont jamais été inquiétés. Motif : ils sont probablement protégés par certaines autorités politiques et judiciaires comoriennes avec qui ils entretiennent des relations privilégiées.

Cela fait partie des « mauvaises habitudes qui se perpétuent dans quelques pays africains » que dénonce l’ambassadeur de France à Moroni, Christian Job. Le procureur de la république, Azad Mzé, confirme, toujours dans le reportage, que le dossier de ces deux fugitifs « est bien parvenu au tribunal de Moroni, mais il a disparu ». Et comme l’explique le Dr. Msa Mliva : « Celui qui a le poids politique ou financier peut toujours influencer dans certaines décisions ».

Pour le diplomate Ali Saadi, tout cela est normal car : « quand tu es riche dans un pays pauvre, tu es l’ami de tout le monde ». En tout cas, M. Christian Job promet que si les autorités françaises le ressaisissent à nouveau, il demandera à la justice comorienne de mettre en exécution les mandats d’arrêt. Et bien du courage monsieur l’ambassadeur !  Réagissez à cet article.

NB : L’émission sera rediffusée le 22 mai 2007 sur TF1.

 kweli/18/05/07