On a beau penser et
croire que la politique est la recherche de l’intérêt
général, on a beau également présenter des personnages comme
des politiques remplis d’honnêteté et de bonne volonté,
susceptibles d’incarner la rupture avec la politique
politicienne et la langue de bois; mais Il y a des moments
où la réalité balaye les prétentions, où les espérances se
transforment en illusions. Cela est vrai notamment quand les
petits intérêts et affinités personnels submergent les
engagements, l’emportent sur les idées et les convictions.
Les Comoriens de France en savent désormais quelque chose.
Voilà
il y a juste quelques mois, des hommes et des femmes ont été
propulsés au pouvoir grâce notamment à l’appui de plusieurs
membres de la diaspora. Ces derniers ont exercé toute leur
faculté pour les intégrer à la nouvelle équipe dirigeante,
alors qu’ils ne présentaient aucun critère, ni de militant
imaginatif ni de fidèle intrépide. Tout le monde avait
pourtant cru en leur proximité avec les citoyens, en leur
courtoisie et civilité vis-à-vis de ceux qui les côtoyaient.
Tout le monde avait également cru en l’expérience des uns
qu’ils pouvaient apporter à un président politiquement
néophyte ; et aux talents complimentés des autres qu’ils
pouvaient mettre au service du pays.
Une fois
nommés, l’attitude de ces individus se révèle à l’usage bien
ingrat ; non seulement à l’égard du peuple comorien et des
localités dont ils sont issus, mais aussi de ceux qui se
sont employés pour leur créer un espace dans univers où la
concurrence est tellement rude.
Alors
qu’ils avaient vocation à représenter ces derniers et toute
la diaspora au sein du nouveau pouvoir, leur conduite est
devenue inquiétante, voire méprisante. Aucun compte rendu,
aucune correspondance ni rendez-vous possibles.
« Une fois s’installer dans
les buildings, nos politiques oublient d’où ils viennent et
les chemins parfois difficiles qu’ils ont faits ».
« Grâce
à nous, ils sont arrivés là et maintenant il nous ont
oubliés, prévient un membre du comité de soutien du
Président Sambi à Marseille, de toute façon, on les
attend à la Place d’Aix d’ici quatre ans ». Surtout que
le mandat du président des Comores n’est pas renouvelable,
hélas.
Quoi qu’il
en soit, cette conduite décriée, à juste titre, met en
évidence quelque chose de très grave : le fossé qui continue
de se creuser entre la population et les dirigeants
comoriens. Une fois s’installer dans les buildings, ces
derniers oublient d’où ils viennent, les chemins parfois
difficiles qu’ils ont faits et surtout les pauvres électeurs
qui avaient pourtant cru en eux. Bref, ils ne sont plus les
mêmes, leurs besoins et préoccupations ont changés, car le
pouvoir les a métamorphosés.
Voilà
pourquoi dans notre pays la politique et les hommes qui
l’incarnent sont détestés, méprisés. Et probablement dans
les mois qui viennent, cette haine risque de s’étendre
au-delà et démythifier des hommes et des femmes qui
demeuraient jusque-là épargnés.
Il faut
d’ores et déjà que nos autorités se ressaisissent et se
réorientent pour penser à ce que devrait être la vraie
passion d’un homme politique : son pays, son peuple et
l’action.
Ali Mmadi,
auteur de « Au nom des îles » à paraître aux éditions Les
Belles Pages , février 2007.
www.lesbellespages.new.fr
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